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Photo : Stéphane de Bourgies |
Chère Véronique,
Samedi matin, quand j’ai pris connaissance des attentats à Paris, que je me suis connectée à Facebook, que je me suis rassurée de voir ma famille, mes proches « en sécurité », que je faisais défiler les statuts craignant de lire un nom. J’ai lu le tien. J’ai dit non, pas Véronique, et j’ai pleuré. J’ai pensé à ton mari, à tes enfants dont tu m’avais parlée avec tant de chaleur et d’amour lorsque l’on s’est revu début octobre.
J’ai pensé à toi toute la journée et les jours qui ont suivi. A tout ceux qui avaient péri. Et au delà de ma tristesse, je ne voyais que ton sourire, lumineux. Je n’ai pas eu la chance de faire partie de ton cercle d’intimes et je le regrette infiniment. On s’était rencontré quand je m’occupais des RP du salon Mess Around qui soutenait ton association,
Zazakely Sambatra. Via Facebook, on échangeait des « like » et des commentaires et puis en septembre tu m’as envoyé un message pour me souhaiter un bon anniversaire et me dire « quand est-ce qu’on se fait un dej ? ». Alors on s’est fait ce dej, en terrasse parce qu’il faisait beau, dans un petit restau face à la Mairie du 11ème, ton quartier.
Il faisait beau, il faisait chaud. Mais je crois que même si le fond de l’air avait été frais, ton sourire, ton énergie, ton enthousiasme, cette lumière qui t’habitaient quand tu parlais de Madagascar, de ton association, de tout ce que tu avais entrepris là-bas avec les parrains et marraines des enfants de Mada, m’aurait réchauffés bien plus que le soleil. Tu voulais que je parle de Zazakely Sambatra, que je diffuse ton
appel aux dons pour que tu puisses construire ce lycée qui te tenait à coeur. Et tous les autres projets, car rien n’arrêtait ton désir de faire reculer la misère, d’apporter savoir, éducation et soins dans cette île où vous aviez adopté Melissa et Diego.
Le lendemain, tu partais à Madagascar. Tu étais sûre que là-bas, ceux qui travaillaient avec toi t’avaient réservé des surprises. J’ai vu passer sur la page
Facebook de l’association toutes les photos des avancements des travaux. Je m’étais dit, il faut que j’appelle Véronique, qu’elle me raconte, qu’elle m’envoie son doc, que je le diffuse.
Alors voilà Véro, je diffuse. Pour que tout ce que tu as entrepris depuis dix ans continue à exister. Parce que Zazakely Sambatra veut dire « enfants heureux » en malgache et qu’un enfant heureux auquel on donne la possibilité de grandir, d’apprendre, de s’épanouir, entouré de soins, d’attentions et d’amour, ne prendra jamais les armes, ne deviendra jamais un assassin.
Dans tout les témoignages que j'ai pu lire te concernant, les mots "soleil", "solaire", "lumière", "vie", "joie de vivre" revenaient comme un leitmotiv. Aujourd'hui, je t'avoue que j'ai un peu froid à l'intérieur alors je m'accroche à ton sourire. On s'est peu connu mais certainement reconnu et c'est pour cela que tu seras toujours là. Et que les jours où l'énergie me manquera, je n'aurais qu'à me souvenir de toi pour avancer.
Merci Véronique et repose en paix.